Les collaborations arty de Louis Vuitton

Louis Vuitton invite depuis 6 ans des artistes de renommée internationale à s’approprier le célèbre sac « Capucines ». Gregor Hildebrandt, Donna Huanca, Huang Yuxing, Vik Muniz, Paola Pivi et Zeng Fanzhi ont métamorphosé cette icône intemporelle à travers six créations en édition limitée (sold out).

GREGOR HILDEBRANDT : Le wanted

Cette collaboration n’est sans doute pas la plus complexe, mais style noir et blanc est une obsession pour moi. L’harmonie contrastée de cette version d’Hildebrandt fait de ce Capucines mon préféré. Ce sac donne l’impression d’avoir été oublié dans le coin d’un atelier et qu’il a bénéficié « d’accidents de peinture ». C’est pour moi le plus arty et le plus facile à porter.

Dans sa version sérigraphiée du Capucines, l'artiste allemand utilise sa technique signature de "copie" pour mettre à l'honneur le disque vinyle.

Né en 1974 en Allemagne, cet artiste joue subtilement avec les perceptions du spectateur, dans des oeuvres aux aspects minimalistes, auxquels il intègre dans un montage complexe des citations autobiographiques, des références à la musique, à la littérature, au cinéma ou à l’histoire de l’art.

L’utilisation de cassettes audio et de vinyles comme médium constitue sa signature.

Pour son Capucines, Gregor Hildebrandt a utilisé sa technique de « Rip-off » (scotcher/descotcher ) et utilise une œuvre originale exclusivement créée pour ce projet et sérigraphiée sur le cuir blanc du sac.

La signature LV façonnée en bronze à canon noir, à l’instar des anneaux et clous métalliques, est incrustée de véritables disques vinyles. Enfin, la doublure intérieure, réalisée en cuir lisse d'un rose vif aux couleurs du label musical de l’artiste, Grzegorzki Records, crée un contraste aussi surprenant que ludique avec le corps du sac.

Le DONNA HUANCAN : Le sac-musée

Le style de sac que je mettrai sans aucune hésitation dans ma whish list sans oser le sortir de son écrin. Le genre de pièce qui me ferait dire : « je préfère ne pas le sortir pour ne pas l’abîmer ». C’est ce que j’appelle un "sac musée" qui pourrait trôner au centre de mon dressing.

Née à Chicago en 1980 cette artiste conçoit ce qu’elle appelle des « expériences viscérales » mêlant peinture, sculpture, vidéo, son et parfum.

Dans ses installations-performances, elle met en scène des silhouettes fantasmagoriques. Au travers de ces rencontres immersives, l’artiste interroge les concepts d’empathie, de perception, d’identité et de fragmentation.

Le Capucines imaginé par Donna s’inspire de Cara de Fuego et Muyal Jol, deux œuvres de l'artiste perpétuant son thème de prédilection : l’interaction de la peinture avec le corps féminin. Ces toiles ont été reproduites sur le cuir blanc du sac par impression 3D puis par trois techniques de broderie.

Autre clin d'œil à l’engagement esthétique de l’artiste pour le corps de la femme, les anneaux de métal qui maintiennent la poignée évoquent de gigantesques bijoux de piercing.

ZENG FANZHI : Le master piece

À première vue, je me suis dit : « Encore une énième interprétation Van Gogh » puis en m’intéressant de plus près à la démarche de l’artiste et à la qualité de la manufacture, j’ai été finalement séduite. Son Capucines fait la démonstration de son talent à travers différentes techniques complexes de broderie.

Né en 1964 en Chine. Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale (Wuhan), il découvre l’art contemporain, chinois et occidental. Nourri par ces influences, il part s’installer en 1993 à Pékin.

Il poursuit son exploration à travers de nombreuses créations comme la série Abstract Landscapes, From 1830 to Now (2014) commissionnée par le Louvre et Van Gogh (2017), un ensemble de portraits revisitant la technique signature du peintre néerlandais dans un jeu de déconstruction et de reconstruction visuelle.

Le Capucines infiniment sensoriel de Zeng Fanzhi a mobilisé la dextérité de trois experts brodeurs pendant dix jours pour la transposition de cette œuvre. Plusieurs techniques de broderie ont été utilisées, notamment le tuffetage en fil chenille. Des fils de quarante-deux couleurs et plus de 700 000 points de broderie ont été nécessaires pour créer la surface 3D tactile et texturée, et reproduire ainsi fidèlement les traits de pinceau extrêmement travaillés de Zeng Fanzhi et l'exubérante juxtaposition de couches de peinture.

HUANG YUXING : La rainbow parade

Lorsque je l’ai vu, je me suis dit : « oh tiens un sac à colorier ! »

Mais comme souvent, en art contemporain, il faut gratter la surface pour appréhender l’œuvre sous un autre angle. Ce n’est pas mon préféré, mais force est de constater que ce sac est l’aboutissement d’un magnifique travail de broderie.

Huang s’est inspiré de l'un de ses paysages stylisés aux allures d'arc-en-ciel qui me rappelle la Rainbow parade ou la Marche des fiertés.

Né en 1975 à Pékin, Huang Yuxing est largement reconnu parmi sa génération pour son talent. Les couleurs, les coups de pinceau et les traces de la main de l'artiste perdurent sur ses toiles après avoir été continuellement superposés et mélangés. Les coups de pinceau méticuleux et les couleurs intenses qui imprègnent ses œuvres sont ancrés dans la technique réaliste traditionnelle chinoise, « Gongbi Zhongcai », tout en s'appuyant sur un style contemporain.

N.B. Gongbi Zhongcai : est une technique qui utilise des coups de pinceau très précis et sans variation indépendante ou expressive. Souvent très coloré elle représente généralement des sujets figuratifs ou narratifs Les rivières, les bulles, les trésors, les levers et les couchers de soleil sont des motifs récurrents dans ses œuvres.

Par juxtaposition de couches de peinture et de blocs de teintes fluorescentes, qu'il considère comme les « couleurs de notre génération », associées à des formes ovales , il compose des paysages éblouissants et des natures mortes abstraites. D'énergiques traits de pinceaux animent ses œuvres jusqu'à les transcender.

Le BB Capucines imaginé par Huang Yuxing est inspiré d'une version spécialement retravaillée de son tableau The Colossus Hidden Deep in the Hills (2019). Imprimé sur un cuir blanc-gris, le décor de ce nouveau paysage stylisé est mis en perspective par des points brodés de fil gris. Les montagnes d'arc-en-ciel en broderie tuftée donnent au sac un style enfantin. Le sac se pare d’une signature LV métallique incrustée à la main d’émail aux couleurs rappelant l’arc-en-ciel.

PAOLA PIVI : Le safari chic

Un sac cohérent avec l'esprit d'une collaboration, un peu timoré mais parfait pour un séjour en safari chic.

Inspiré de son œuvre « One Cup of Cappuccino Then I Go », son Capucines est un cependant un chef-d’œuvre de marqueterie avec son majestueux léopard entouré de cappuccinos aux finitions élaborées. J'aurais ajouté un splash ou un dripping de caféine pour le rendre moins conventionnel, mais bizarrement personne ne m'a demandé mon avis.

Née en Italie en 1971, Paola Pivi à une pratique multiple et énigmatique. Elle travaille avec des objets communément identifiables qu’elle détourne en y introduisant une nouvelle échelle, un nouveau matériau ou une nouvelle couleur, qui nous a pour effet de nous faire voir les choses sous un autre prisme. Vous avez sans doute du voir ses ours polaires couverts de plumes rose vif ou jaunes en positions de yoga, des zèbres sur le sommet de montagnes enneigées ou encore un léopard se mouvant avec grâce parmi des dizaines de tasses de cappuccino.

Le Capucines de Paola Pivi propose une dimension visuelle et tactile de la fourrure richement brodée est sublimée par un second effet en surimpression. Les autres motifs ont ensuite été incrustés un à un, notamment les tasses et soucoupes en cuir verni aux allures de porcelaine ainsi que la « mousse » des cappuccinos réalisée en cuir d'agneau ambré, doré à la feuille.

VIK MUNIZ : Le ludique

Vik propose un Capucines ludique, mais que j’imagine parfait pour une adolescente (oui je sais, qui offrirait un tel sac à une ado ?). Ces petits objets imprimés et incrustés en font un sac original, texturé et orné d’éclatants motifs en relief.

Né en 1961 à São Paulo, Vik découvre les œuvres d'art dans les ouvrages des bibliothèques. Il commence en tant que sculpteur à la fin des années 1980 et se fait mondialement connaître en 1997 par sa série « Pictures of Chocolate » et « Pictures of Junk ».

Pour son Capucines BB, Vik Muniz s’est de sa série « Quasi Tutto » pour former de délicats arrangements de petits objets de papier découpé.

Il propose des motifs qui me font penser aux « Emoji » ou aux vignettes à coller sur les livres d’images. Si certains motifs ont été embossés par impression digitale, d'autres ont été incrustés grâce à des techniques de marqueterie et réalisés à partir de cuir Patrimoine revalorisé. Cela s'inscrit parfaitement dans son approche écoresponsable.